01 juillet 2006

Troisième chronique de Peterborough

Mise en contexte: mon séjour ici coûte assez cher à mon patron, aussi suis-je tenue de minimiser mes dépenses en fait de nourriture et autres «petites dépenses». J’ai une cuisinette à ma disposition, aussi ai-je passé la semaine dernière à me préparer des repas de fortune—sauf le jeudi, où j’ai craqué et je suis allée au resto. Une fille se tanne des sandwiches (j’ai une cuisinette à disposition, mais je n’ai ni mon garde-manger, ni mes chaudrons et ustensiles... donc pas de grande cuisine en vue).

Cette semaine, un orage dans la nuit de lundi a mardi a laissé en panne le frigo de la cuisinette. HON NON! Je ne peux plus garder de bouffe, il faut que j’aille au resto ! C’est tellement dommage... Ahem.

The Sapphire Room, Gourmet Cocktail Lounge
137, rue Hunter, Peterborough, 705-749-0409

Traduction libre de ma conversation avec le serveur en entrant dans ce bar :
-Servez-vous juste de l’alcool ou des repas aussi?
-On a des hors-d’œuvre («appetizers»).
-Des hors-d’œuvre assez gros pour faire un repas?
-Plus ou moins, mais rien ne t’empêche d’en commander plusieurs...

J’ai donc pris place et examiné la carte des cocktails (environ 200 choix) et celle des entrées (dans le sens français du terme; en anglais, «entrée» signifie plat principal!), qui proposait une dizaine de mets... J’ai arrêté mon choix de boisson sur un mangotini, un martini constitué de vodka aux agrumes, brandy à l’abricot, jus de mangue et zeste de lime, et mon choix d’entrée sur un curry de crevettes. Le service fut très rapide, surtout pour le martini, que j’ai commencé à siroter en regardant les posters de vieux films pornographiques («Come sin with me , invitait une femme peu habillée version 1950 en montant un escalier; à côté, une femme insatisfaite de son mari «dial M for Men»... si les titres de film m’ont fait rire en me rappelant que je soupais dans un bar et pas dans une restaurant familial, les posters de style rétro étaient fort jolis) et les photos de femmes sexy qui fument, encore à la 1950. D’ailleurs, une loi anti-tabac est récemment entrée en vigueur en Ontario, comme au Québec, et si ça me plaît beaucoup puisque je ne fume pas, j’ai découvert ce soir que les cendriers servaient au moins à jeter les noyaux d’olives, pelures des tranches d’agrumes décoratives et autres éléments non comestibles. Que faire avec maintenant qu’il n’y a plus aucun cendrier dans les bars?

Quand le serveur m’a apporté mon assiette, j’ai eu la confirmation de mon intuition : leurs entrées dans le sens français du mots, étaient pour moi des entrées au sens anglais! Je me suis régalée de plusieurs grosses crevettes dans une sauce épaisse aux tomates, au cari et au lait de coco, avec des morceaux de poivron rouge et de la coriandre fraîche, le tout accompagné de pains nan. Il y en avait bien assez pour que je sois rassasiée. En fait, j’ai remarqué que dans plusieurs bars et resto-bars, une bonne assiette de hors-d’œuvre me donne souvent un repas léger et, avec une bière en plus, je suis bien rassasiée. Si un souper entre amis vous amène à la Cage aux sports—temple des grosses portions et de la nourriture pas vraiment gastronomique—prenez la peine de vous demander si vous avez encore faim après une assiette de «pelures de patate». Vous voyez ce que je veux dire?

Les cocktails rassasient moins que la bière, aussi en ai-je commandé un deuxième, comme «dessert». Le Crimson Cocktail ou cocktail écarlate était fait de vin rouge, liqueur de framboise noire, jus de canneberge et zeste d’orange. Le goût faisait penser aux cocktails (non-alcoolisés) de canneberge et framboise qu’on trouve dans toutes les épiceries, mais avec une touche langoureuse apportée par la liqueur. Un « dessert liquide » délicieux!

De retour à ma chambre, mon corps m’a vite rappelé une équation fondamentale que l’aspect sucré-bonbon des cocktails m’avait fait oublier :

2 cocktails alcoolisés + 1 plat épicé = soif!

Mon conseil à ceux et celles qui visiteront ce bar : que ce soit pour un repas (le midi ils en servent officiellement des vrais, semble-t-il), ou pour boire, n’oubliez pas la bonne vielle recommandation d’alterner les verres d’alcool avec des verres d’eau. Et, bien sûr, prévoyez ne pas conduire en sortant!

À votre santé!

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