12 juillet 2006

Gin tonic: Non merci!

Je viens d'apprendre sur cyberpresse.ca que le gin tonic est maintenant un cocktail branché. Beurk! Je ne suis définitivement pas sur la voie de la branchitude!

Quand j'avais neuf ans, j'ai passé quelques mois en Afrique avec ma famille. Tous les dimanches soirs, nous devions prendre de la chloroquine contre la malaria. Avant de partir, nous avions fait provision de gros comprimés d'Aralen, des comprimés d'environ 10 ou 11 mm de diamètre selon une source sûre*, mais qui me semblaient bien plus gros de mémoire (probablement parce que j'étais plus petite). Des comprimés que j'étais alors incapable d'avaler. Mes parents ont essayé différentes formulations, toutes plus amères les unes que les autres:

-Écraser l'Aralen dans du miel: on ne goûte même plus le sucre tellement c'est amer.
-Dans de la confiture: idem.
-Dans un verre de "coca" comme ils disaient là-bas: Beurk. Encore là, l'amertume de la chloroquine masquait efficacement tout le sucre d'un verre de cola. En plus, il se formait au mélange des deux une mousse épaisse et résistante, pas comme les bulles du cola seul qui disparaissent aussi vite qu'elles se forment, plus comme de la mousse de lait.

Nous devions en prendre une dose par semaine, le dimanche soir. Je commençais à redouter ce moment le samedi soir, c'est vous dire combien c'était pénible. Ça pouvait me prendre deux heures à avaler ma cuillérée ou mon verre d'Aralen. Quelle torture. J'étais assez vieille pour comprendre qu'il fallait vraiment que je les prenne, qu'on ne jouait pas avec ça--la malaria, c'est grave; mon père en a souffert quelques mois après notre retour et, plus récemment, une amie en a été victime lors d'un voyage en Afrique, et je peux donc témoigner de la gravité de la maladie! (Finalement, nous avons trouvé à une pharmacie locale des comprimés de chloroquine d'un beaucoup plus petit diamètre et, pour la première fois, j'avais réussi à avaler des comprimés! La deuxième moitié de notre séjour fut donc beaucoup plus agréable.)

Pour en revenir au gin tonic, l'ingrédient donnant son goût au tonic water est la quinine, composé apparenté à... la chloroquine! L'origine de cette boisson est, selon la légende, que les colons d'Amérique du Sud recevaient de la quinine des autorités pour prévenir la malaria, mais ne voulaient pas en prendre à cause de son amertume. On l'a donc mélangée à du gin en se disant que des colons, ça ne refuse pas de l'alcool. Personnellement, je doute de parvenir un jour à aimer cette horreur amère. Ça me rappelle le mauvais côté de mon voyage de jeunesse... Non, décidément, le gin tonic, ce n'est pas pour moi!

Références:
White, Marianne. "Gin tonic: l'eau-de-vie des trentenaires", Le Soleil, mercredi 12 juillet 2006 (lu sur http://www.cyberpresse.ca/article/20060712/CPACTUEL/60712024/1015/CPACTUEL).

*Association pharmaceutique canadienne. 1984. Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques (CPS), 19e éd. Section Reconnaissance des produits, p. R10.

3 commentaires:

Isabelle a dit...

Moi aussi !!! Je me demande bien d'où viennent ces tendances... d'ailleurs, à l'épicerie, toutes les bouteilles de gin tonic sont poussièreuses.

Vincent le canneux a dit...

" Beurk! Je ne suis définitivement pas sur la voie de la branchitude!"

La voie de la branchitude est foulée des sabots de moutons fraîchement tondus. -- Li Pô Tsé Theu

Lucie a dit...

Merci Vincent pour ce beau proverbe ;-)