31 octobre 2006

Les raisins de la colère (1)

Partie 1: Environnement, résumé et appréciation

CODE VERT: Ce billet ne révèle pas d'intrigue. Vous pouvez lire ce billet sans crainte, même si vous n'avez pas lu ou pas terminé le livre Les raisins de la colère de John Steinbeck. Si ça vous donne envie de le lire, tant mieux.

J'ai terminé il y a longtemps le livre de John Steinbeck, The Grapes of Wrath (Les raisins de la colère en français). J'ai tout de suite eu envie d'en parler ici puisque ce livre aborde entre autres des thèmes qui me sont chers: l'agriculture, l'alimentation et l'environnement. Ça a pris longtemps avant que je ne publie ce billet, parce que je l'ai relu en grande partie et que je voulais un texte clair, cohérent et digne d'un travail scolaire... Finalement, j'ai décidé de le publier comme il est maintenant, plutôt que d'attendre le jour peut-être inexistant où mon texte sera "parfait"...

La préoccupation de l'environnement n'est pas un thème dominant du récit, mais elle m'est apparue très claire au début. Le chapitre 3, long de seulement deux pages, décrit une tortue qui traverse la route. Après s'être fait retourner sur le dos par un camion (qui l'accroche volontairement), elle revient sur le ventre et poursuit son chemin, enterrant par son passage des graines des plants d'avoine du champ où elle passe. Je vois dans ce passage une superbe métaphore du cours de la nature, qui prend son temps comme la tortue et où les animaux et les végétaux co-vivent, où les animaux ne font pas que manger les plantes mais les aident aussi à se ressemer. La façon des humains de perturber ce cours, en pensant à s'amuser bien plus qu'à s'assurer de préserver leur environnement et ses ressources, se retrouve dans cette métaphore sous la forme du chauffeur du camion qui modifie sa trajectoire expressément pour happer la tortue sur la route, mais aussi sous la forme de Tom Joad (un des personnages principaux) qui, au chapitre suivant, ramasse la tortue pour l'offrir comme jouet à son jeune frère.

Ce roman est tellement d'actualité, même s'il a été écrit il y a plus de soixante ans! Steinbeck y raconte l'histoire d'une famille de fermiers de l'Oklahoma qui se fait metre dehors de sa ferme par les propriétaires des terres qui ont décidé de se convertir à l'agriculture industrielle pour faire plus de profit. La famille Joad migre vers la Californie pour y trouver du travail de journaliers agricoles, mais le voyage ne se passera pas comme ils l'imaginaient. Tout le roman tourne autour du lien entre l'humain et sa nourriture. Avant le début du livre, la famille a vécu en quasi-autarcie sur une ferme et ses surplus payaient le loyer de la ferme et permettaient d'acheter le peu qu'elle ne produisait pas. Cette vie est bouleversée par les efferts pervers de l'agriculture industrielle, les travers de la chasse aux profits, l'aberration des monocultures à grande échelle. Le tout raconté dans un texte agréable à lire (je l'ai lu dans sa version originale anglaise). Je n'avais pas envie de terminer ce livre! Sa prose est parfois très proche de la poésie. Steinbeck alterne des chapitres "théoriques", à l'écriture plus poétique, où il décrit l'époque, le contexte et la vie de ce genre de famille de migrants en général, avec des chapitres racontant chronologiquement l'épopée des Joad, où leurs paroles sont écrites phonétiquement ("fambly" pour family et même Rose of Sharon, le prénom d'un personnage, que sa mère a appelée ainsi parce qu'elle aimait la sonorité de ce nom... prononcé et transcrit "Rosasharn"). L'ensemble se lit bien et m'a beaucoup émue (ce à quoi un roman parvient rarement).

Ce livre m'a tellement marqué que je me demandais quoi dire ici à son sujet de façon concise. J'ai décidé de fractionner tout ce que je veux écrire sur ce livre en trois sections, dont vous venez de terminer la première. Les deux autres billets aborderont la déshumanisation de l'agriculture en tant que source d'aliments et l'importance des produits animaux dans la diète des personnages des Raisins de la colère.

Référence: Steinbeck, John. 1939. The Grapes of Wrath, Penguin Books, éd. de 1992 avec introduction de Robert DeMott, xlvii+476 p.

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Merci de nous faire part de ta vision de ce roman. Je ne l'ai pas encore lu (même si je le connais!), mais je le mets sur ma liste des livres à lire en priorité. Je suis persuadée que je ne le verrai pas du même oeil, grâce à toi!

Je peux aussi te dire que ta plume m'a manqué? ;-) Bon retour!

Lucie a dit...

Kajin, moi aussi écrire m'a manqué... j'espère recommencer bientôt à écrire régulièrement, mais je ne peux rien promettre avant... le 15 décembre!

Et merci de ton commentaire. Ça me fait chaud au coeur de savoir que je suis lue et appréciée! :-)

Anonyme a dit...

Salut Lucie,

j'ai étudié ce livre au secondaire il y a ... quelques temps ...
Je n'avais pas vu tout ça à l'époque ! Je vais sûrement le relire et puis, tiens, en anglais pourquoi pas !

Lucie a dit...

Arthur, je comprends bien ce que tu veux dire. C'est souvent surprenant de relire par plaisir des livres qu'on nous a obligé à lire au secondaire. Parfois, nous manquions de maturité ou "d'expérience de vie" pour comprendre et interpréter ces textes...

J'avais lu Of mice and men, aussi de Steinbeck, au cégep, pour un cours d'anglais. J'avais apprécié. Par contre, je suis contente de ne pas avoir lu The grapes of wrath plus tôt, je ne suis pas certaine qu'au cégep il m'aurait autant allumée!

Anonyme a dit...

Bonjour
Je viens de terminer le livre et je dois avouer que je n'avais pas envie qu'il se termine. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Cependant, je dois avouer que la fin me laisse sur ma faim, peut-être comme le vieux monsieur de la dernière page, quoique lui a la chance de pouvoir calmer sa faim.
Mais pourquoi ne pas imaginer qu'un auteur nous concocte une suite à l'instar de ce qui s'est fait pour "Les misérables" de V.Hugo avec les deux livres "Marius" et "Cosette".
Merci.
A la prochaine lecture.
Ludovic