C'est toujours un peu frustrant de préparer à manger pour des gens plus difficiles que soi, surtout quand c'est au quotidien. Bien des enfants sont difficiles (je l'étais moi-même jusqu'à la fin de l'adolescence) mais plusieurs adultes aussi. Dans ce billet, je parle des adultes difficiles. En effet, je n'aurais aucun scrupule à passer des légumes au blender pour les servir incognito à mon fils (Jennifer McCann cachait ainsi du kale dans sa sauce à pizza...!), mais trouve un tel truc plus délicat avec un adulte. S'il est consentant ("sers-moi n'importe quoi, en autant que je ne m'en rende pas compte"), pourquoi pas! Mais sinon, ce serait malhonnête. Je privilégie donc une approche différente que je trouve plus respectueuse. Voici les trucs que j'utilise avec Pat qui, si je lui passais des aliments en cachette, se mettrait certainement à questionner tel un détective de la CIA la moindre nouvelle recette... or, je ne veux pas vivre dans une telle atmosphère d'inquisition! Je fonctionne plutôt sans tricher ni forcer la main, un peu dans la philosophie actuelle de laisser notre appétit nous guider pour savoir quand, quoi et combien manger: je veux que ça vienne de l'autre. Voici quelques principes d'application au quotidien ou, du moins, dans mon quotidien, parce qu'une telle approche doit être personnalisée!
Être enthousiaste
Ayant décidé de laisser Pat décider quand il goûterait aux plats qui l'intéressaient moins (ou pas du tout), quand il me demandait "est-ce que c'est bon?", pour ne pas mettre de pression, ma réponse ressemblait à: "Ben moi j'aime beaucoup ça, mais t'es pas obligé d'aimer ça pis c'est correct..." Un jour, Pat m'a dit que ce n'était pas très vendeur comme réponse et que ça ne lui donnait pas vraiment le goût de goûter. Quand il me demande si c'est bon, il souhaite que je lui vante ma recette avec enthousiasme!
Changer le nom des recettes
Comment faire manger des "quesadillas au fromage de chèvre et aux haricots noirs" (Coeur Atout, simple comme tout p.120) à quelqu'un qui n'aime pas les légumineuses? C'est simple: regarder la liste des ingrédients, y trouver un ingrédient gagnant à tout coup avec cette personne (ou à tout le moins, un ingrédient neutre) et rebaptiser la recette "Quesadillas au fromage de chèvre et à la coriandre"... De la même façon, mon "poulet aux câpres" est devenu du "poulet à l'estragon" et mon "gâteau à thé irlandais aux pommes", un "gâteau irlandais aux pommes et à la cannelle avec crémage au Baileys". Notez que je n'ai pas du tout changé la composition des plats, juste leur nom! Dans le dernier exemple (le gâteau), j'ai gardé les pommes (l'ingrédient un peu turn-off) dans le nouveau nom parce qu'elles sont impossibles à "cacher" dans le gâteau fini; mentionner les ingrédients clés que sont la cannelle et le Baileys (et garder le mot-clé "irlandais") a tout de même réussi à le faire goûter au gâteau qui a été en fin de compte fort apprécié. Dans la même optique, donner un nom appétissant à du "touski" peut aussi faire une grosse différence.
Essayer différents assaisonnements, présentations ou méthodes de cuisson
Dans plusieurs cas, si quelqu'un n'aime pas un aliment, c'est parce qu'il n'a pas encore trouvé de façon de l'apprêter qui lui plaise. Ceci est vrai avec ma famille et moi, en tout cas. À force d'essayer, j'ai réussi à trouver des recettes que nous aimons avec le zucchini, le chou-fleur et même, dans mon cas du moins, le kale et l'avocat. Un même aliment peut changer de goût et de texture selon qu'on le choisit frais, en conserve ou surgelé, par exemple, ou selon qu'il est cru, étuvé, bouilli, grillé ou rôti. Il faut aussi trouver les bons assaisonnements. Parfois, on fait des découvertes fortuites, surtout en visite: Pat ne voulait rien savoir des aubergines jusqu'à ce qu'il mange une sauce pour pâtes à l'aubergine (sans le savoir) chez une amie, et qu'il demande des détails sur la recette parce qu'elle était si bonne... Après ça, s'il prétend ne pas aimer l'aubergine, je n'ai qu'à répliquer que, oui, il en a mangé chez G. telle fois et qu'il avait aimé ça!
Faire preuve de patience
Je prends la peine de le rappeler... Ça a peut-être l'air facile à me voir énoncer ces trucs mais ça fait quand même plus de cinq ans que je les mets au point!
Trois de mes quatre trucs concernent la communication et un seul la cuisine comme tel... Donc, en résumé, je dirais que comme chaque fois qu'il est question de relations interpersonnelles, il faut avant tout se parler... possiblement devant un bon repas!
Histoire d'un tannant... Un tannant, vraiment?
Il y a 10 ans
5 commentaires:
T'as ben raison! J'ai aussi un homme difficile ici, les seuls légumes qu'il aime sont les patates, carottes et laitue (mais juste en salade césar, pas autrement!! ). Par contre, et puisqu'il est consentant, je n'ai aucun scrupule à mettre de la purée de légumes dans la sauce à spagg, ou des navets dans la purée de patate. Ça goûte pas, pas de texture désagréable, et il est d'accord. Mais je dois avouer qu'il fait des efforts, en ce moment, pour apprendre à aimer d'autres légumes! On ne s'en plaindra pas! :)
Très bonne idée de publier ces trucs!
Je fais souvent à manger pour des amis qui sont parfois difficile. Je suis donc en mesure de confirmer que ces trucs fonctionnent vraiment.
Lorsqu'on gagne la confiance d'une personne il est assez facile de lui faire apprécier de nouveaux aliments qu'il n'aurait jamais osé gouter.
Belle idée ce billet.
Je viens de décrouvrir ton blogue et je sens que je vais devenir une habitué très rapidement.
Chez moi j'ai un specimen d'enfant de 37 ans qui me fait beaucoup pensé au conjoint de Valeri-Ann. Au début je me cassais la tête à préparer des repas sans légumes pour que M. aime ça.
L'évènement déclencheure fut ma pizza aux fruits de mer. J'adore les fruits de mer et mon chum déteste. Un soir où je soupais seule, je décide de me gâter, je me fais venir une pizza aux fruits de mer. Je soupe et mets le restant dans le frigo. Je vais me coucher. Le lendemain matin, j'arrive pour préparer mon lunch, plus de pizza. Mon chum l'avait mangé en arrivant dans la soirée. Il ne faut pas oublier qu'il déteste les fruits de mer et tout spécialement les crevettes et le crabe.... J'ai compris en discutant avec lui que pour lui crevette et crabe c'était soit de la goberge d'épicerie ou sinon en conserve. Même chose avec le riz, ça mère faisait juste du riz minute blanc.
Maintenant quand j'ai le goût de manger qqc, je me le prépare, s'il en veut, il en prends, sinon bien il s'organise avec ses troubles pour se faire à souper.
Merci pour ces trucs! Comme les autre j'ai aussi un mari tres difficile, il ne veut rien essayer qu'il connait pas deja, et moi j'aime tout essayer! J'aimerais pouvoir faire le meme repas pour nous 2 plus souvent et non deux repas separes.
Sassenach: Haha! J'aimerait bien faire la meme chose avec mon mari mais si je ferait ca il demanderait que je lui paye le McDo ou le Harveys 5 jours/semaine! :P Mais il faut quand meme prendre en compte qu'on s'est arranger que moi je cuisine et lui il fais la vaisselle.
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